Une représentation exceptionnelle. Un état d’étonnement de bout en bout. Une légèreté. Nathalie, Alain et des inconnus. On était dans quelque chose de musicalement très fort et très fin. On fait la traversée. Rien ne pèse. À aucun moment, et je me pose presque avec étonnement sur les derniers mots. Qu’est-ce qui a eu lieu ? Pourquoi ? Comment ça s’est passé ? Les thèmes musicaux sont plus souples, plus inscrits. Je les ralentie pour les rappeler et ils reviennent dans l’œuvre. L’écriture se fait continue. Du début à la fin, je vois tout ce que je dis, tout ce qui est dit. Chaque mot est imminent. Je suis dans l’imminence de chaque mot qui arrive. Chaque mot est à portée des lèvres. Là, un enchantement partagé. Nous sommes allés plus loin encore que ce que nous avions déjà vécu. Nathalie parlera d’une transe. Alain dira : « c’est parfait ». On nous redit la qualité du duo, de notre complicité, à quel point la composition musicale nourrit le texte et se nourrit du texte. Je sentais que je puisais dans les mots. Plusieurs spectateurs disent : « on voit tout ». On voit la lumière, on voit le bateau, on voit la mer, on voit le vert, on voit Panama. On voit la pluie. Ce qui se passe sur scène donne une sorte d’autorité dans le sens d’une clairvoyance. D’une disponibilité à entendre l’autre, jusque dans sa détresse. Un moment important le soir, avec elle, que nous apprenons à connaître, qui se livre à nous. Elle souffre d’être seule. Et cherche aussi sa place d’une ville à l’autre, d’une maison à l’autre. Cette autorité qui nous vient du plateau, c’est aussi ce que nous lui offrons, d’une certaine manière, ce qui peut donner substance à sa légitimité à elle. L’autorité de notre parole la légitime. Nous la positionnons face à elle-même et de facto face à ce qui existe.

13/07/2018

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