10/07/2018
Aujourd’hui, relâche. Au réveil, nous doutons. Que faisons-nous pour qu’il y ait des spectateurs dans la salle ? Comment allons-nous les informer ? Est-ce que nous sommes en accord avec le fait d’être ici, au festival ? Nous allons tracter, comme on dit. Et nous ne voulons pas tracter des gens vers la salle. Engager la conversation. Parler de Bessette. Parler de l’histoire de cette aventure. Du GRP, du colloque, du centenaire. Hélène Bessette, cent ans. Queneau, Duras. Alors, oui, l’autre s’intéresse, alors oui, l’autre regarde la date, dit qu’il va venir, mais je n’en peux plus. C’est trop de parole. Quelque chose se vide à chaque fois. On est hors-scène, et trop de parole hors-scène nous épuise. Nous qui avons délibérément quitté la répétition et qui avons choisi d’écrire à chaque fois que nous nous rencontrons. Alors nous risquons la question à haute voix : Que sommes-nous venus chercher ici ? Qu’est-ce que nous voulons ? Persuader un maximum de personnes de venir nous voir alors que leur choix spontané les attire vers d’autres lieux, d’autres formes ? Ou dire l’essentiel, à quelques personnes ? Oser le dire fait du bien. Ne pas s’oublier. Ne pas forcer la porte. Bessette nous le rappelle. Pas de compromis. On ne peut pas jouer la comédie tout à fait. Dans la foule, nous serons très peu. Ce n’est ni mieux, ni moins bien. C’est comme ça. Le temps poétique s’impose. On ne peut pas vivre sur le plateau une dilatation du temps et catapulter un temps de l’urgence, de la garantie, de la sécurité.
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